Manolo Valdés
Manolo Valdés a commencé sa carrière au sein de l’un des groupes les plus importants du Pop Art espagnol : « Equipo Crónica ». Ce mouvement prônait la réutilisation de toute une série d’éléments de l’Histoire de l’Art. Les œuvres exposées à la Fondation Maeght à Saint-Paul, sont le fruit d’un travail solitaire que l’artiste entame au début des années 1980. Présentées en 1986 par Adrien Maeght dans sa galerie parisienne, ces œuvres sont accompagnées d’un texte du grand peintre espagnol, Antonio Saura. En 1982, Valdés entre dans sa période de « révision artistique ». Il travaille ardemment ses supports et s’intéresse davantage au collage et à l’utilisation du papier. Son approche se veut à la fois immatérielle et constructive. À la grande époque du « criticisme formaliste » et de l’abstraction informelle ou expressionniste, Valdés s’engage dans une recherche personnelle de figuration. Son réalisme figuratif préconise une lisibilité picturale à laquelle s’oppose l’expressionnisme abstrait. En fait il propose une figuration stérilisée, dépourvue de sa propre trame. Valdés est maintes fois exposé dans le monde. Bien que de nombreuses expositions aient consacré « Equipo Crónica », peu de rétrospectives s’intéressent au travail personnel de l’artiste. En effet, l’œuvre graphique du groupe est présentée au Musée des Beaux-Arts de Bilbao, ainsi qu’au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid. Par ailleurs, l’artiste est primé à plusieurs reprises. En 1984, on lui décerne le Prix des Beaux-Arts ; en 1985, la médaille de la Peinture d’Espagne ; en 1986, celle de la Biennale du Festival international d’arts plastiques de Bagdad (Irak). En 1993, il reçoit la Condecoración de la Orden de Andrés Bello du Vénézuela. Ce prix avait été octroyé l’année précédente au sculpteur Eduardo Chillida. En 1999, il est nommé représentant espagnol à la 48e édition de la Biennale de Venise, aux côtés de l’artiste Esther Ferrer. En 2002, le Guggenheim Museum de Bilbao organise la première grande rétrospective de l’artiste, événement ayant remporté un succès exceptionnel auprès du public. Toutes ces expositions étaient exclusivement consacrées à sa peinture. Ici, à Saint-Paul, nous tenons à privilégier sa sculpture peu connue malgré la place primordiale qu’elle tient au début de sa carrière solitaire. Nous présentons l’œuvre picturale et sculpturale de Manolo Valdés à la manière d’un ensemble dont les parties dialoguent entre elles, et se nourrissent de leur confrontation aux obstacles du quotidien, tant du point de vue iconographique que « matérique ». Notre intention est d’illustrer le commencement de son parcours, où peinture et sculpture évoluent parallèlement. L’œuvre plastique de Manolo Valdés rassemble divers matériaux. Le tissu, le bois, sont conjugués pour s’incarner en une image traditionnellement associée à un autre contexte. Tel un couturier, il donne forme à sa matière en imitant une réalité préexistante ; Platon en faisait autant avec les idées. Il ne s’agit point d’une réalité quotidienne, anecdotique ou banale, mais d’une union compacte de lumière et de couleurs, d’images et de formes déjà révélées par d’autres, qu’il transforme avec talent. Valdés s’empare des images de la caverne de Platon : autant de formes, de couleurs et de textures, que de composants esthétiques purs d’une œuvre plastique. Jouant le rôle d’un cordonnier prodigieux, il modifie le regard généralement porté sur l’Histoire de l’Art et agence sa propre vitrine, son monde panthéiste. Sa magie consiste à manipuler les icônes du Titien, de Matisse, Rembrandt et Manet, via la décontextualisation et sa faculté de réactivation des chefs-d’œuvre. Sa sculpture gagne en visibilité lorsqu’il réalise, en 1999, une commande pour la ville de Bilbao. Par ailleurs, il participe à un grand projet autour de la figure de la Dama de Elche pour un parc de la ville de Valence (Espagne), dont la première esquisse à grande échelle est exposée en 2002 sur Park Avenue à New York. En 2000, Menina, une sculpture de onze tonnes et haute de sept mètres, est inaugurée à Madrid. Plus tard, Monte-Carlo, Munich, Bilbao et Biarritz, entre autres, abritent également des sculptures de Valdés. Pour la présente exposition, nous avons sélectionné des œuvres parmi les huiles, techniques mixtes, sculptures et gravures réalisées au cours des quinze dernières années. Ce choix nous invite à découvrir l’esthétique et la philosophie de l’art de ce maître. Valdés s’est imprégné de diverses sensibilités, afin de créer la sienne ; son œuvre s’est construite comme on construit un radeau qui s’apprête à voguer sur les eaux de l’Histoire de l’Art. Cette mémoire faite de détails réactualise les grandes images du passé. Non seulement la démarche esthétique de Valdés est l’une des plus riches d’Espagne, mais elle est aussi l’une des plus réfléchies et authentiques de toute l’Histoire de l’Art. |
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Fondation Maeght 06570 Saint-Paul, France. La Fondation Maeght est ouverte tous les jours. Visites guidées sur rendez-vous. Tarifs : |